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Les Vies Antérieures – la chute de l’empire Aztèque – partie 1

“Des yeux verts. Des yeux verts qui me regardent à travers des feuilles. Une jungle, je crois ? Je sens autour de moi l’air humide et chaud. Je suis hypnotisée par ces yeux verts translucides qui me regardent. C’est une panthère noire d’Amérique du Sud. Une femelle, je le sais, je la connais. Elle ne me fera aucun mal à moi, mais je sais qu’elle peut être sauvage et sans pitié pour les étrangers qui me feraient du mal. La panthère noire me fixe sans relâche pendant que j’essaye de trouver l’entrée. Mais l’entrée pour arriver où ? “L’Eldorado” bien sûr.

Non pas le réel Eldorado, mais dans une ville que nous appelons aujourd’hui Mexico. J’ai trouvé l’entrée pour arriver en ville. La panthère est sur mes talons et se frotte à moi. C’est mon animal de compagnie et ma gardienne, ma fidèle gardienne. Je lui caresse la truffe, l’embrasse et joue et avec elle. Nous sommes très proches, c’est comme une partie de mon âme. Je peux lui parler, et elle me répond directement. Nous avons un lien inexplicable, je suis elle, et elle est moi. Tout le monde nous connaît au sein de la ville, c’est grâce à elle que je peux sortir sans gardes. Elle est plus féroce que trois gardiens du temple. Elle s’appelle Qutzi (prononcer “coucci”). Je me dirige avec Qutzi vers le temple après avoir fait un tour en ville pour discuter avec les marchands. J’ai discuté avec L’Étranger. Il m’a donné discrètement un bracelet en or, serti d’une pierre turquoise. Je le cache sous mes vêtements, et repart tranquillement.

Nous sommes en pleine préparation de la fête de la Moisson, une des fêtes les plus importantes de l’année pour notre peuple. Je suis stressée car je suis responsable de l’organisation des festivités pour la partie du culte religieux féminin. J’ai énormément de responsabilités, mais j’y suis préparée depuis longtemps. Je l’accepte et je fais mon devoir avec ferveur et dévotion. Mon pays est ma vie, ma raison de vivre, tout comme la Déesse que je sers. J’ai des rendez-vous toute la journée avec les prêtres du culte religieux masculin qui s’occupent des finances, de la justice. Ils m’énervent par avance car ils veulent toujours s’opposer à moi. Pas parce que je suis une femme non, ils me respectent trop pour ça, mais ils trouvent que j’ai l’air sévère et pinçant. Je ne souris jamais. Et je suis sans pitié pour défendre les intérêts de la Déesse. Je me bats avec l’argentier pour qu’il nous alloue plus d’argent. Il veut tout garder pour lui. Pour avoir le plus de prestige auprès du Roi. Il veut que ses hommes soient aux premières loges devant lui, et qu’il reçoive tous les honneurs.

J’observe les pièces qu’il me tend. Cet argent est façonné en métal gris, avec d’autres bouts de métal. Je l’ai dans mes mains, je le soupèse. Je suis malicieuse car je demande toujours plus que prévu selon nos besoins, car j’aime le redistribuer un peu aux plus pauvres dans la ville. Je viens d’une famille humble, et quand je vois toutes les ressources et les richesses auxquelles j’ai accès, je me sens obligée de redistribuer nos richesses. Personne ne le sait. L’argentier me regarde toujours de façon exaspérée, et je lui renvoie ce regard. Ce sont nos jeux de pouvoir. Mais au fond, nous nous aimons bien.

Maintenant, je dois aller en cuisine, vérifier la préparation des mets pour les jours à venir. Le temple tout entier est rempli de maïs. Le jaune remplit la cuisine et les tables. La chef cuisinière vient me voir. J’ai du mal avec elle. Elle connaît mon secret. J’ai peur qu’elle le répète, même si je sais qu’elle ne le fera pas. Mais du coup, elle analyse tous mes faits et gestes et soupçonne toutes mes paroles d’être à double-sens. Je sais qu’elle fait exprès de s’arrêter près de ma chambre, qui est à l’opposé de son quartier pour m’espionner. Mais je dois faire avec, et ne rien laisser paraître. Elle me scrute de haut en bas et donne à manger à Qutzi. Elle l’adore et c’est réciproque. C’est normal, Qutzi est très gourmande et ne refuse jamais à manger. Pendant ce temps-là, j’inspecte les fruits, les légumes, les haricots en préparation ainsi que la qualité du maïs.

Les offrandes doivent être parfaites. La cuisinière me suit et me raconte la vie de son équipe tandis que mon esprit divague, et pense déjà à mon prochain rendez-vous dans le quartier des femmes. Je laisse mon regard dans le vide quelques minutes, pense à mon bracelet contre moi, puis me reprends. Je prends congé des femmes en cuisine après les avoir félicitées. Mais je ne souris jamais.”

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